je dois être dangereuse puisque la chine bloque mon site web au quart de la planète : ainsi tous les chinois sont privés de mes photos et vidéos pernicieuses, ainsi que de mes textes subversifs… mon problème c’est que je n’y ai plus accès non plus et que je ne peux plus faire mes mises à jour. grâce à de l’aide extérieure, je serai en mesure de mettre des textes et peut-être des vidéos, mais pas de photos : il faudra attendre la fin de mon périple chinois, dans trois semaines, pour que tout redevienne normal.

la censure est établie comme un système en chine. ce n’est pas forcément le gouvernement qui fait lui-même la censure, mais il a réussi le coup de maître de transformer les citoyens en millions d’agents de surveillance travaillant pour lui. par exemple, c’est la compagnie d’hébergement de sites web qui est responsable de ce qui est publié sur tous ses serveurs et c’est donc elle qui s’assure que tout est conforme et qui fait le ménage à l’aide de ses propres logiciels de recherche de mots tendancieux ou d’expressions abusives, qui retire les pages jugées inacceptables ou les messages considérés comme subversifs. chacun de ces hébergeurs applique les règles qu’il veut afin de ne pas héberger d’éléments déplaisants au pouvoir. cette absence de règles conduit à censurer de façon beaucoup plus large, et donc plus rigoureuse, que ne l’aurait fait la censure officielle, afin d’éviter de contrarier le gouvernement.

la même politique s’applique pour les responsables des cafés internet qui sont condamnés si des utilisateurs de leurs ordinateurs vont sur des sites interdits. ainsi il n’est pas étonnant que la chine aille à l’encontre de la tendance mondiale : le nombre de cafés internet diminue plutôt que d’augmenter. les fréquentes opérations policières dans le but d’analyser les disques durs des ordinateurs de ces cafés afin de vérifier les sites visités par les internautes mènent à la fermeture de centaines, voire de milliers de cybercafés chaque année.

de nombreux sites inacessibles

il existe une quantité d’expressions interdites, dont la très grande majorité est liée au domaine politique. ainsi la liste des noms des principaux dissidents ou les mentions liées au tibet, à taiwan ou au massacre de tiananmen par exemple ; mais aussi des noms de sectes, des poursuites environnementales ou encore des contestations du centre de propagande gouvernementale. même le mot « censure » est censuré… et puis toute une quantité de sites web sont totalement inaccessibles, ainsi l’encyclopédie wikipédia, le site de la bbc (seule la page principale est visible), le site de reporters sans frontières ou celui d’amnesty international, la version non censurée de google (qui a accepté de jouer le jeu de pékin plutôt que de perdre de lucratifs contrats, tout comme yahoo ou microsoft d’ailleurs). et le mien. certainement pas en raison de son contenu, mais plutôt parce qu’il fonctionne grâce au logiciel wordpress qui permet de créer des blogs, et que les blogs et leur libre expression ça déplaît beaucoup en chine…

évidemment la résistance s’organise et des moyens existent pour contourner les barrières mises en place, mais ces moyens sont régulièrement démasqués et il faut tout recommencer. même si une certaine frange de la population réussit à s’informer à différentes sources chinoises et étrangères, et ainsi à se forger une opinion indépendante, la majorité des gens n’ont à se mettre sous la dent que la version épurée à leur disposition, de l’information prédigérée dans le but d’assurer la « stabilité sociale ».

n’oublions pas non plus que la censure électronique n’est qu’une des formes de censure existant en chine, rappelons-nous aussi que la censure de la presse fait des ravages (des tas de sujets embarrassants ne peuvent être abordés sous peine d’emprisonnement), la censure cinématographique (films chinois et étrangers sont mis à l’index s’ils abordent des sujets un peu litigieux, même si on trouve facilement des copies pirates des dvd étrangers) et bien sûr la censure politique qui interdit certaines associations et idées, qui envoie les dissidents ou contestataires en prison, qui n’hésite pas à les torturer ou même à les exécuter.

c’est difficile de bien saisir toute l’ambiguïté chinoise, avec son incroyable dynamisme, tout particulièrement visible à beijing à la veille des olympiques 2008, qui réussit quasiment à faire oublier l’autre dimension de la réalité, qui, beaucoup plus discrètement, continue à régenter ce pays. et pourtant, dans ce pays d’apparence si transformé, où la modernité est étourdissante, certaines choses demeurent immuables. la censure en est une.

vous voulez être en chine ?

il était possible d’expérimenter ce que c’est que d’être un internaute chinois, en allant sur un site qui permettait d’émuler les conditions régnant en chine et donc de vérifier ce qui est réellement accessible aux internautes chinois (greatfirewallofchina.org), l’objectif étant de sensibiliser la population mondiale à la censure chinoise. cependant, ce site ne fonctionne plus et se contente de renvoyer à des pages d’annonces, vides de sens… une autre victime de la censure chinoise?

une chose est sûre, maintenant que j’ai écrit tout ça, le gouvernement chinois a enfin une vraie raison de censurer mon site !

< chúc sức khóe!

si beau tibet >