les fourmis

désert australien, mars 2007

depuis que je me souviens de mes premiers rêves de voyage, je voulais partir pour l’australie, je voulais traverser ce pays grand comme un continent, en faire l’expérience de part en part, au milieu du désert, je pensais même m’y installer et y vivre. c’était mon rêve d’enfance, un attrait indéfini, vague mais intense. les années ont passé, je me suis retrouvée au québec plutôt qu’au pays des kangourous, mais j’ai toujours gardé l’orange de sa terre dans le fond de mon coeur.

et m’y voici enfin. en plein coeur du continent. alice springs. une ville fondée en 1871 pour servir de relais au télégraphe qui reliait adélaïde à darwin. le poste télégraphique avait été construit près d’un trou d’eau en bordure du lit asséché d’une rivière, qui s’appela ensuite la “todd”, en référence à charles todd, le superintendant des télégraphes d’adélaïde. le trou d’eau reçut le nom de sa femme, alice. c’est maintenant une petite ville de 20′000 habitants, mais il n’y en avait que quelques centaines il y a 50 ans à peine, et la route ne fut goudronnée qu’en 1987.

la rivière todd était complètement asséchée à mon arrivée, mais il s’est mis à pleuvoir avec ardeur toute la soirée et une bonne partie de la nuit: j’ai donc trouvé une large rivière brune-orange à mon réveil et plein d’enfants heureux de pouvoir nager dans ses eaux peu profondes mais néanmoins agitées. toute la nature était en attente de ce moment magique qui ne se produit qu’environ 2 fois par année et qui peut même sauter une année entière parfois…

mais avant d’arriver ici, il y a eu 3400 kilomètres de routes et de pistes à effectuer. la distance entre adélaïde et alice springs n’est qu’en fait que de 1600 km, il faut croire que nos nombreux détours ont doublé la distance. en effet, j’ai loué une voiture à adélaïde, en compagnie d’élaine, une traductrice hollandaise rencontrée à l’auberge de jeunesse de broken hill. quand elle a entendu mon plan de voyage pour les prochains jours, elle n’a pas pu résister à l’appel du désert et a décidé de venir avec moi. nous avons donc passé les 8-9 derniers jours à traverser le pays du sud vers le centre, en nous arrêtant souvent pour satisfaire à notre goût de la photographie. elle transporte pas moins de trois caméras traditionnelles avec elle et n’a pas encore succombé à l’attraction du numérique, mais ça viendra bien un jour… c’est avec beaucoup de rires, de musique, de tables de billard et un peu de chinois (qu’elle parle couramment) que nous avons avalé les kilomètres. et les mouches. je savais que pour bien découvrir l’outback il fallait en vivre la chaleur et les longues distances, mais personne ne m’avait parlé des mouches! elles ressemblent à nos mouches domestiques, mais sont plus petites, ne piquent pas mais sont en quête d’humidité: elles se glissent dans les oreilles, le nez, les yeux. constamment, sans relâche. on s’habitue un peu, mais parfois elles sont vraiment agressantes!

avec les mouches, les autres habitants rencontrés couramment sont les fourmis. il faut préciser que j’adore les fourmis, pour ceux qui l’ignoraient encore. elles sont partout, toutes tailles mais même énergie. le désert leur appartient, et les chambres d’hôtels. mais il y a aussi d’autres sortes de fourmis. de grandes fourmis, énormes, géantes, gigantesques, qui se tiennent sur leur deux pattes arrières. elles marchent ainsi, debout, portent parfois un chapeau ou même une moustiquaire contre les mouches, parlent fort et suent beaucoup en montant sur uluru, l’ancien nom d’ayers rock, le grand rocher rouge. les aborigènes n’ont qu’un même mot en anangu pour désigner les fourmis et les touristes, minga, et le parallèle est évident quand on les imagine grimper sur uluru, en dépit des demandes explicites et évidentes de ne pas le faire.

uluru est un site extrêmement important pour les aborigènes, il est sacré pour eux et a été un lieu de cérémonie et de rassemblement durant les 20′000 dernières années. il est encore une part active de leur culture, de la tjukurpa (religion, coutumes et droits aborigènes). la gestion du parc national qui entoure le rocher leur est d’ailleurs partiellement dévolue et le terrain leur reviendra à l’extinction du bail de 99 ans que le gouvernement a obtenu, après leur avoir “rendu” leurs terres.corde pour la montée d'uluru (ayers rock), australie ils demandent donc clairement aux touristes de ne pas grimper sur le rocher, mais une belle corde pour aider l’ascension a été installée par les rangers non aborigènes. durant les deux jours où j’y étais, je n’ai vu personne grimper, tout simplement parce que le premier jour l’ascension était interdite en raison de la chaleur intense (plus de 36 degrés) et le second en raison du risque de pluie (et donc de glissade). il faut préciser que l’ascension de ses 348 mètres est très raide et relativement dangereuse, et que plus de 20 personnes sont décédées de crise cardiaques ou de chutes. il serait simple pour le gouvernement d’interdire complètement l’ascension, mais il ne le fait pas. les mingas vont donc continuer à monter sur le gros rocher rouge, juste pour dire qu’ils l’ont fait.

comme le précise le panneau mis en place par les anangus, il y a d’autres choses à faire à uluru: admirer les couleurs changeantes du rocher en grès, regarder les traces d’animaux dans les dunes de sable, écouter le vent et les oiseaux… observer les fourmis, peut-être…

letter from alice (not at all a translation, just some impressions)

it’s funny, but it has been raining so much the first night of my arrival in alice springs that the normally always dry river was really big the next morning. this year, they had more rain than usual, more than in the south that experience actually a drought, a terrible one. the river had water four times this year, some years there’s none. it was an interesting experience to see the kids having so much fun in the water, that’s for sure. and it’s finally possible to believe all the “floodway” signs we’ve been seeing, mostly in the middle of some totally dried areas. we only had the “impression” of water, but never actually saw it. impression with the floodway signs, with the dried rivers (a lot) and with the green bushes or even trees. but this morning, life was running through the desert, red water putting a smile on everyone.

élaine is now gone back to adelaide, she flew yesterday. it was lovely to travel with her: we were laughing, enjoying, telling stories, listening to music, taking pictures… it was really great because she’s also in love with photography, so we would spend our time to watch for the good light, the proper composition, the right colour: anybody else would have died with us!

one day, we had a flat in a totally remote area, on a gravel road (it was more a rock road, in fact), where no cars were passing. it was a bit hard to untie the wheel, but we finally managed and then we were going really slow we didn’t wanted to be stuck again, 100 km from anybody. we finally arrived in william creeks: it’s a dot on a map, but nothing more… in fact the village is a motel, with a separate entrance heading to the bar, covered with business cards or id docs from all the travelers that went there. but there was no more room, it was dark like crazy, next town was 200 km away and we didn’t have another spared tire… so we were preparing ourselves mentally to sleep in our really small car, in an awful heat, with hundreds of thirsty flies, when the woman in charge of the motel, groaned that she would find us a spot… and finally we understood that she was just so tired and had been so busy during the day that she had no time to prepare the last room, and she was almost ready to leave us sleep in the car instead of changing the sheets… oh well, we helped and had a good night of sleep (without supper because it was too late for that). in the morning, we had the most expensive 2 toasts and tea (9$) but we thanked her so much, and she wasn’t cranky anymore, even apologetic for her attitude of the precedent night.

today, i will leave for the north, alone, and then the east coast. i decided to keep the car until the last day in brisbane, it’s only 38$ a day, i would be fool not to keep it. i have still a lot of kilometers in front of me, though: we did 3500km together, and i think i have the same amount to do by myself: i am preparing some music for that long journey, but there are easy roads, sealed ones this time, totally straight (they are so straight that you read a lot of terribly dramatic signs along the way: “lousy drivers die”, i like this one, but it was in the south, now we have “stop, revive, survive”, or “please arrive alive”. i also like “survive this drive: take a rest and refresh”…).

for more english info, please go to elaine’s blog : she has two entries for the time we where together: big rocks, big plans and a lot of words and also outback adventures

< de toute beauté…

chúc sức khóe! >

7 commentaires

  1. haikuboxer, le 20 mars 2007 à 2:40 pm

    stunning. i love the desert. great pics. it was also fun to read about the trip from elaine’s point of view!

  2. iconico, le 20 mars 2007 à 5:29 pm

    thanks haiku. we indeed had a lot of fun, elaine and i: i just read her blog and she pictures it really well. i can’t wait to see her pics! same place, same time, but it will be totally different.

  3. haikuboxer, le 24 mars 2007 à 4:19 pm

    We love the pics of the kids, so cute. More people pics! So when were in you a plane? Those are astonishing photos.

  4. iconico, le 25 mars 2007 à 2:54 am

    you mean like this one: http://route07.iconico.net/gallery2/main.php?g2_itemId=3528 ?
    élaine and i took a little plane in the flinders ranges: the pics aren’t great, it’s hard to get good pics from a plane because of the reflection on the windows and the lack of contrast. the best would be to fly in an helicopter, with the door open…

  5. La famille Robitaille-Chabot, le 1 avril 2007 à 9:21 am

    I never thought that one day, I would be so happy to visit a website, but yours is just fantastic.
    La langue française a un plus vaste répertoire de mots pour décrire la beauté des choses que la langue anglaise, alors on va continuer comme ça. C’est magique, ça me donne le goût d’aller voir, de rencontrer tous ces gens, de vivre avec eux pour quelques instants…
    Je suis désolée de ne pas avoir laissé de commentaires depuis longtemps. Bonne route!

  6. Emilie, le 18 mai 2007 à 5:45 am

    C’est nett!!ton site est super bien fait et quand on lit ce ke tu écrit…on s’y croirait réélement!!!J te jure!!!:) bon bon bizz… et encore bon voyage…ce n’est pas encore fini!!:)

  7. Victor Giordano, Porrentruy, le 16 novembre 2007 à 4:53 am

    Bonjour,

    Très intéressants vos récits et les illustrations. J’aimerais bien raconter dans le journal de Carnaval de février prochain une histoire drôle et rigolote qui vous est arrivée pendant votre voyage. Vous devez être la principale protagoniste de cette anecdote. Je ne doute pas que vous ayez quelque chose à raconter. Pouvez-vous me l’envoyer RAPIDEMENT ? Ce serait super.
    Merci d’avance.
    Avec mes cordiales salutations.