pen gwyn

península valdés, décembre 2006

d’abord on a vu trois qui traversaient la route, clopinant de manière drolesque, presque une caricature d’eux-mêmes. le bus s’est arrêté pour les laisser passer, mais ils n’étaient pas pressés d’arriver de l’autre côté, nous jetant de petits coups d’oeil de côté, curieux de notre présence. puis on en a vu beaucoup, des dizaines d’abord, puis des centaines et des milliers, dans des terriers creusés à même le sol sec, dur et caillouteux, en plein soleil ou sous des petits buissons les ombrageant, se dirigeant vers l’océan ou en revenant, nageant dans les eaux calmes ou étendus sur la plage sous le soleil brûlant.

manchots de la péninsule valdés, puerto madrynselon notre guide qui nous accompagnait dans le petit bus emmenant un groupe disparate d’une quinzaine de touristes, l’étymologie du mot “pingouin” vient du gallois pen gwyn, qui signifie littéralement “tête blanche”. toujours selon mauricio, qui parlait autant avec les mains qu’avec des mots, et avec un sourire encore plus grand en anglais qu’en espagnol, les gallois sont venus s’installer en masse dans la région il y a environ 150 ans. en effet, ils avaient l’intention de fonder une “nouvelle galles” à un peu plus de 1000 kilomètres au sud de buenos aires et le gouvernement argentin leur avait même offert des terres. cent cinquante gallois ont notamment fondé puerto madryn en 1865, du nom du baron de madryn, love parry, lors de leur émigration en patagonie. c’est aujourd’hui une ville de 60000 habitants, un centre balnéaire et également l’un des ports de pêche les plus importants de l’argentine. ils se sont installés, mais n’ont pas réussi leur implantation comme prévue. il demeure néanmoins des maisons, des écoles et des parcs et des maisons de thé typiques du pays de galles, et certaines écoles dispensent encore des cours de gallois pour leurs descendants, fiers de leurs origines. et aussi des noms de ville comme “trelew” par exemple, du gallois tre signifiant “village” et lew étant le diminutif de “lewis” puisque ce village fut fondé par sir lewis jones.

manchots de la péninsule valdés, puerto madrynmauricio nous a aussi dit qu’un explorateur gallois dont je n’ai pas retenu le nom aurait découvert cette colonie d’étranges animaux et leur aurait donné ce nom de “pen gwin” en référence à leur anatomie. mais en fait il ne s’agit pas de pingouins qu’on retrouve ici, mais bien de manchots, de manchots de magellan. mais quelle est donc la différence entre les pingouins et les manchots, puisque tant de monde les confondent?

manchots ou pingouins?

manchots de la péninsule valdés, puerto madrynpresque tout le monde se trompe quand il s’agit de différencier les pingouins des manchots, et pourtant c’est très simple: les uns habitent au nord, les autres au sud. les pingouins au nord, les manchots au sud. et attention, si les manchots vivent bien dans les régions polaires du sud, sur la glace, ils vivent aussi dans des régions complètement dépourvues de glace, comme les îles galapagos, en afrique du sud et ici, en amérique du sud où ils remontent couramment jusqu’au brésil. de plus, le manchot est un oiseau qui marche et qui nage, mais ne vole pas. le pingouin vole très bien, il a de petites ailes, il est parent avec les macareux et autres guillemots qu’on trouve au québec, c’est un cousin des mouettes et il n’est pas du tout dans la famille du manchot… et pour compliquer encore un peu les choses, nos amis anglophones sèment la confusion puisqu’ils appellent “penguins” nos manchots (la marche de l’empereur, le film consacré aux manchots, a donc été traduit “the march of penguins”). ils nomment nos pingouins par le terme “auk”. il y a donc un faux ami, penguin, qui ne désigne pas le même oiseau. et pour terminer sur le sujet, non les ours polaires ne mangent pas de manchots, puisque l’ours vit au nord et le manchot dans le sud…

manchots de la péninsule valdés, puerto madrynla péninsule valdés est reliée au continent par un isthme de 7 kilomètres et est une réserve naturelle de 3600km2. c’est le paradis des mammifères et oiseaux marins, elle abrite notamment des lions et éléphants de mer, des manchots de magellan, des dauphins de commerson (de petite taille, blancs avec des parties noires) et aussi des baleines franches et même des orques (ou épaulards). dans la partie de la péninsule nommée punta tombo se trouve la plus grande colonie de manchots au monde, en dehors de l’antarctique. un individu mesure en moyenne 45 cm et pèse environ 3 kg.

manchots de la péninsule valdés, puerto madrynaprès avoir passé l’hiver dans l’eau, les mâles arrivent sur terre à fin août et construisent leur nid, puis les femelles arrivent et visitent les nids préparés par leur prétendant, s’il ne leur plait pas (grandeur ou localisation, plus ou moins près de la mer), elle refuse de s’y installer et refuse donc le mâle par la même occasion. les manchots sont monogames, mais par saison: ils n’ont donc qu’un seul partenaire à la fois, mais peuvent ou non en changer la saison suivante pour différentes raisons, la reproduction étant la principale. les nids sont donc creusés dans la terre sèche, parfois à l’ombre mais souvent en plein soleil et c’est étrange de voir tous ces manchots dans un quasi désert rocailleux, alors que malgré tout on les imagine davantage sur la glace. mais même s’ils semblent avoir chaud, tout comme nous, ils paraissent relativement à l’aise dans cet environnement, même si certains ont choisi de s’installer si loin de l’océan qu’ils ont près d’un kilomètre à parcourir plusieurs fois par jour sur des chemins caillouteux et sous un soleil de plomb, avec en prime des tas de touristes pour les observer!

manchots de la péninsule valdés, puerto madryn manchots de la péninsule valdés, puerto madrynles femelles pondent en octobre et les oeufs éclosent à la mi-novembre: mâles et femelles se relaient alors pour s’occuper des nouveaux-nés et les nourrir avec des petits poissons ou calmars régurgités, ils doivent faire des allers-retours incessants vers la mer tout en surveillant les oiseaux prédateurs qui tentent de s’emparer de leurs petits sans défense… et en effet, j’ai vu de nombreux oiseaux de proie passer en rase motte au-dessus des terriers exposés, heureusement sans succès. en janvier les jeunes commencent à muer et à nager, en mars (c’est-à-dire en automne) débute la migration vers le nord, régions plus chaudes. manchots de la péninsule valdés, puerto madryn

quant à moi qui ai entamé ma migration vers le sud, région plus froide, je suis arrivée à ushuaia où je vais passer les fêtes, et je vous envoie mes meilleurs voeux du bout du monde!

pen gwyn (abstract)

manchots de la péninsule valdés, puerto madryn

according to the explanations of our guide, mauricio, during the bus tour around the valdés peninsula close to puerto madryn (about 1000km south of buenos aires), the name “penguin” comes from the welsh expression “pen gwyn” which means “white head”. all the area has been colonized around 1865 by 150 persons coming from wales (england). they wanted to created a “new wales”, if it didn’t come to reality it still left specific architecture, tea houses, schools were kids still learn welsh, and some names like “trelew”: tre means “village” and lew is for “lewis” as the village was founded by sir lewis jones. it also appears that a welsh explorer gave the name “pen gwin” to penguins according to their anatomy.

in the southern hemisphere, we do find penguins, but not everybody knows that in the northern hemisphere there are no penguins, but auks. penguins walk and swim, but do not fly; auks can fly really well: they are in the same family as the seagulls (puffins are auks, for example). penguins do live on ice, but they also live in south africa or brazil during a period of the year.

in the peninsula valdés, a natural reserve of 3600km2, you can find different sea birds and mammals, like sea lions, magellan penguins, commerson dolphins small animals, white with some black parts), orcas. and in punta tombo, a part of the peninsula, there’s the biggest colony of penguins in the world, outside of antarctica. males are buildings the nest, directly into the ground, and only then females come: sometimes they refuse to stay in the proposed spot and chose another male, with a bigger nest or closer to the ocean. they have to walk to the ocean to get the food they need for their babies, and it can be a long way under the hot sun. males and females are alternating between the walks to the sea and the watching of the babies, protecting them from predator birds.

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fín del mundo >

5 commentaires

  1. haikuboxer, le 23 décembre 2006 à 6:05 pm

    Wandering re-establishes the original harmony which once existed between man and the
    universe.
    ~Anatole France

  2. Valery, le 27 décembre 2006 à 8:18 pm

    “There are 9 million bicycles in Beijing, that’s a fact, it’s a thing we can not deny…etc” (K.Melua). Iconico, how many penguins in Peninsula Valdes ???

  3. Valery, le 30 décembre 2006 à 12:05 am

    Du bout de mon Monde à moi, je te souhaite un Heureux Anniversaire (Dec.30 si mon calendrier est correct) et une merveilleuse nouvelle année que tu vas entamer sous d’autres cieux… Prends soin de toi et prends ds ton regard ce qu’il y a de + beau. Biz fort. Val&Praline

  4. Florence, le 1 janvier 2007 à 10:48 am

    Salut Globe-trotteuse ! Bonne année !
    En ce premier janvier, je découvre l’Argentine de ton site, ton regard sur l’endroit, tes photos à couper le souffle. Et toujours merci pour ces moments de bonheur où l’on peut presque goûter le maté, et tout ce que tu découvres, tellement ton site est vivant.
    Hasta luego !
    Flo

  5. Richard Fiset, le 4 janvier 2007 à 12:09 pm

    Bonjour Nicole,
    Alors je te souhaite une merveilleuse année 2007, la santé, la vie totale et pour l’aventure, c’est extra sûr et certain. Merci pour tes textes songés et tes photos «WOW» qui me changent d’un hiver, ici, sans neige, ni froid, ni glace pour patiner, jusqu’à maintenant.
    Même Gilles Vigneault ne comprend plus le pays.
    Salut, A+, Richard Fiset